The Digital Jukebox

Enquête : la relève du peer-to-peer

Je vous invite à consulter une enquête en trois parties que j'ai réalisée pour ZDNet France, sur la relève du peer-to-peer. Un rapide tour d'horizon de la 3ième génération de systèmes d'échange : des logiciels qui s'orientent vers un modèle basé sur le streaming, comme Mercora ou Grouper, à ceux qui permettent des échanges ponctuels confinés à la sphère privée, comme ShareDirect ou YouSendit, en passant par des projets encore expérimentaux et en cours de développement, comme Mute et Ants, qui tentent de garantir l'anonymat de leurs utilisateurs en recourant à des algorithmes de chiffrement.

Première partie - La radio inspire de nouveaux modèles pour l'échange de musique
Deuxième partie – Renouer avec un mode d'échange confiné à la sphère privée
Troisième partie – Les futurs réseaux clandestins seront anonymes et chiffrés

La musique en ligne n'est pas rentable pour les distributeurs

Selon un calcul effectué par le Journal du Net, les plates-formes de musique en ligne françaises ne réalisent qu'une marge brute de 0,01 € par titre de musique vendu en téléchargement sur Internet au prix de 0,99 € TTC, après déduction de la TVA à 19,6% (0,16 €), de la commission bancaire (0,05 €), des 8% de droits reversés aux auteurs, compositeurs et éditeurs (0,07 €) et du prix de gros fixé par le label ou la maison de disques (0,70 € en moyenne). Apple, qui a imposé un prix standard du marché à 0,99 € le titre, parvient à faire son beurre sur les ventes de baladeurs iPod et bénéficie en sus d'une situation privilégiée, liée à l'implantation d'iTunes Europe au Luxembourg, où s'applique une TVA à 3%. Mais pour les autres distributeurs en ligne, il y a peu de chances que le téléchargement soit en l'état une activité rentable.  Certaines maisons de disques leur accordent même des remises de quelques points sur facture pour leur permettre de ne pas vendre à perte.

Source : 0,99 euro : le tarif qui fait plonger la musique en ligne (Journal du Net)

Semestre fiscal en demi-teinte pour la maison de disques EMI

Malgré un chiffre d'affaires en baisse de 11,4% sur le premier semestre de son exercice fiscal clos le 30 septembre dernier, à 851 millions de livres (1,2 milliard d'euros), la maison de disques EMI table sur une nette amélioration de ses performances au cours des prochains mois. Les ventes de disques proprement dites ont reculé de 7,2% sur les six mois à taux de change constant, à 660 millions de livres (941,5 M€), en raison notamment d'une programmation des sorties les plus importantes sur le deuxième semestre (Robbie Williams, Norah Jones, Rolling Stones, Tina Turner...). Les ventes en téléchargement ont représenté 2% de ce chiffre d'affaires, à hauteur de 13,2 millions de livres. Le chiffre d'affaires d'EMI Publishing a quant à lui progressé de 1% sur un an, à 191 millions de livres. Le groupe, qui fait les frais d'une livre forte, enregistre une perte nette de 400 000 livres sur le semestre, contre un bénéfice de 9,2 millions de livres un an plus tôt.

Sources : Digital sales boost EMI coffers (Guardian), Press Release, Conference Webcast, Slides

Etude : La majorité des films échangés sur Internet sont mis en ligne par des "insiders"

Une étude récente menée par les laboratoires AT&T estime que 77 % des films échangés sur Internet circulent sur les réseaux P2P avant même leur sortie en salle ou en DVD, ce qui est dans la majorité des cas le fait de personnes internes à l'industrie du cinéma ou de "screeners" (membre de jurys comme celui des Oscars) ayant reçu des copies en avant-première. L'un d'entre eux, un ancien membre de l'Academy of Motion Picture Arts and Science agé de 70 ans, vient d'ailleurs d'être condamné à verser 300 000 dollars e dommages et intérêts à Warner Bros. pour avoir contribué à la diffusion de deux films sur Internet.

Sources : Paranoia-tinged screening (P2Pnet), Actor Must Pay $309,600 in Film Piracy Case (Reuters), Analysis of Security Vulnerabilities in the Movie Production and Distribution Process (AT&T Labs)

Universal Music teste une nouvelle structure de label en ligne

Universal Music a signé une dizaine d'artistes en licence au sein d'une nouvelle structure de label en ligne, Universal Music Enterprises Digital (UMED), qui va se charger d'assurer leur promotion et leur distribution sur les différentes plateformes électroniques du marché, dont iTunes, Rhapsody et MSN Music. Parmi les artistes signés, qui ne bénéficiaient jusque-là d'aucun contrat avec un label et avaient vendus quelques dizaines de milliers d'exemplaires de leurs albums autoproduits, figurent Rusty Anderson - chanteur et guitariste ayant accompagné Paul Mc Cartney -, John Jorgenson - qui fut guitariste d'Elton John -, et Parthenon Huxley - qui joue avec d'anciens membres du groupe Electric Light Orchestra.

Sources : Music Industry Is Trying Out Digital-Only Releases (NY Times), Universal music's budget route to stardom (International Herald Tribune)

Les sénateurs américains refusent d'envoyer les P2Pistes en prison

Le Sénat américain a adopté en fin de semaine dernière un projet de loi, le Family Entertainment and Copyright Act of 2004, qui prévoit jusqu'à trois ans de prison pour les personnes surprises à enregistrer un film dans une salle de cinéma à l'aide d'un camescope. Le texte renforce également les peines encourues par ceux qui distribuent sur Internet des copies de films qui ne sont pas encore sortis en salle. Mais contre l'avis du Comité judiciaire du Sénat, les sénateurs n'ont pas retenu certaines dispositions du texte original, connu sous le nom de Intellectual Property Protection Act, qui prévoyaient de condamner également à une peine pouvant aller jusqu'à trois ans d'emprisonnement les internautes mettant à disposition de leurs pairs plus de 1000 fichiers musicaux pirates sur les réseaux peer-to-peer.

Sources : A Kinder, Gentler Copyright Bill? (Wired), Family Entertainment and Copyright Act of 2004

EMI, troisième major à s'acoquiner avec l'inventeur des réseaux peer-to-peer

Après Sony BMG et Universal Music, EMI est la troisième major du disque à se déclarer en négociations avec Snocap, la start-up fondée par le créateur de Napster Shawn Fanning, qui développe un système de filtrage et de monétisation des réseaux peer-to-peer. C'est ce qu'a confié Alain Levy, le patron de la division disques de la compagnie, lors de la présentation de ses résultats trimestriels en fin de semaine dernière.

Source : Record companies join online domain of top pirates (Times)

DRM : Thomson rejoint Microsoft et Time Warner dans le capital de ContentGuard

La groupe français Thomson rentre à hauteur de 33 % dans le capital de la compagnie ContentGuard, spécialisée dans les technologies de DRM, et rachetée au mois d'avril dernier au centre de recherche Xerox de Palo Alto par Microsoft et Time Warner. Cette opération devrait adoucir la position de la Commission européenne sur ce rachat initial. Bruxelles voyait en effet d'un mauvais oeil les nombreux brevets détenus par ContentGuard en matière de DRM tomber entre les mains des deux géants américains.

Sources : Thompson Backs Microsoft-Time Warner Anti-Piracy Deal (Technology Review), Thomson Licenses Digital Rights Management Patents From ContentGuard (CBS MarketWatch)

Radio en ligne : Bluebeat cible les amateurs de son haute fidélité

Le service de radio en ligne Bluebeat.com table sur une demande des internautes pour une qualité audio supérieure à celle des fichiers téléchargés sur les plateformes de musique en ligne et propose l'écoute de nombreuses playlists encodées à 320 Kbps, soit l'équivalent de la qualité d'un CD audio. Le système utilise une technologie de DRM de la compagnie Media Rights Tech qui empêche tout enregistrement des flux audio diffusés.

Liens : Bluebeat, Media Rights

Creative Commons : quand Wired donne l'exemple (16 titres à télécharger)

La décision de la justice américaine de considérer les réseaux peer-to-peer Grokster et Morpheus comme légaux, du fait des usages licites auxquels ils peuvent donner lieu, est des plus salutaires. Reste à espérer que la Cour suprême des Etats-Unis, saisie par l'industrie du disque et du cinéma, se refuse à casser ce jugement déjà confirmé en appel, dans la même logique qui l'avait amenée à autoriser la commercialisation des premiers magnétoscopes Betamax de Sony en 1984. Nonobstant les nouveaux modèles économiques susceptibles de se développer sur les réseaux P2P - voir les rapprochements entre Sony BMG et Grokster ou Universal Music et Snocap, ainsi que le modèle de distribution C2C de Weedshare -, c'est l'émergence d'une nouvelle philosophie du copyright qui doit être préservée, incarnée par les Creative Commons : un modèle de licence à la fois gage de diversité et de libre accès à la culture, qui s'applique aux 16 titres du CD distribué aux Etats-Unis avec le dernier numéro du magazine Wired, lesquels peuvent être téléchargés gratuitement sur Internet, ce que je vous invite à faire sans tarder (The WIRED CD: Rip. Sample. Mash. Share)

Lire également l'article de Wired sur le sujet : Sample the Future