Rédigé par Philippe Astor à 09:42 dans L'autre télévision, Présidentielle | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: france, présidentielles, sarkozy
« Madame », « madame », « madame »... Combien de fois le vilain petit écolier dissipé Nicolas Sarkozy s'est-il amendé en déférences respectueuses envers l'autoritaire maîtresse d'école Ségolène Royal au cours du débat d'hier soir ?
Au-delà, Nicolas Sarkozy s'est contenté de faire du "copier-coller" de ses discours antérieurs tout au long de la discussion, presque à la virgule près. Quand Ségolène Royal régurgitait de travers de trop nombreuses phrases apprises par coeur.
Telle une amazone, elle enfourcha rudement son canasson dès que l'occasion lui fut donnée, pour s'offusquer de l'« immoralité politique » de son contradicteur, sur la question de l'accueil des handicapés à l'école. Episode très surjoué et d'autant moins convaincant, de mon point de vue.
Les partisans de Ségolène l'ont trouvée combative voire « combattante » (Libé), ceux de Nicolas l'ont trouvé serein. S'il s'était agi d'un oral du BAC que j'aurais eu à noter, j'aurais mieux évalué la prestation du second. En tout cas sur la forme.
Sur le fond, Nicolas Sarkozy a trop tendance à essayer de nous faire prendre des vessies pour des lanternes et à confondre « précision » et « simplification », ce que je juge très dangereux. Sur bien des points, Ségolène Royal laisse le débat ouvert, se repose sur la négociation entre les partenaires sociaux, et c'est tant mieux.
Pour autant, Nicolas Sarkozy habite son discours, il l'incarne, ce qui n'est pas le cas de Ségolène Royal, qui est encore un peu trop désincarnée, en représentation, et éprouve quelques difficultés à se montrer moins rigide, probablement parce qu'elle doute encore qu'on lui accorde la crédibilité à laquelle elle prétend. Plus de naturel et de spontanéité eurent mieux payé.
Pourtant, son refus de la simplification, sur les questions économiques et sociales, sur les questions énergétiques, sur l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, est tout à son honneur. Ségolène Royal n'a pas peur d'embrasser la complexité du monde d'aujourd'hui.
Et si elle est élue présidente (ce que je crois, et je voterai dans ce sens), son exercice du pouvoir sera beaucoup plus démocratique, concerté, partagé avec tous les Français, j'en suis intimement convaincu.
De ce point de vue, je regrette qu'elle ait botté en touche sur la première question, qui concernait la réforme des institutions. Ce sujet (avec l'Europe et la politique internationale) est un peu passé à la trappe.
Et c'est bien dommage. Car ce sont trois des principaux enjeux de la prochaîne présidence, avec l'environnement (problématique à la fois européenne et mondiale) et la réduction des inégalités et de la pauvreté dans le monde.
Cette présidence doit s'inscrire dans la mondialisation. Comment réguler le phénomène ? Comment mettre un terme à ses dérives, qui sont surtout le fait d'un déficit politique et démocratique à l'échelle planétaire et d'une mainmise de la finance internationale sur le destin économique du monde ?
Dimanche prochain, il faudra choisir entre deux options très claires.
Première option : la mise aux normes libérales de la France préconisée par Sarkozy, qui est déjà à l'oeuvre depuis de nombreuses années, peut certes se révéler globalement efficace d'un point vue strictement économique mais n'en est pas moins profondément injuste dans ses effets.
Deuxième option : la mise en oeuvre d'une démocratie sociale rénovée, modernisée, à l'européenne, économiquement décomplexée, ce qui est le propos de Ségolène Royal.
La première de ces deux options, si c'est celle que les Français retiennent, nous fera régresser vers le modèle de société autoritaire et paternaliste qui avait cours avant les métamorphoses sociales des XIXième et XXième siècle, entre patronnage condescendant et précarité sociale aigüe.
La deuxième nous propulsera au coeur des enjeux du XXIième siècle et de la modernité. Inutile de vous dire que mon choix est déjà fait.
Rédigé par Philippe Astor à 14:05 dans Présidentielle | Lien permanent | Commentaires (5) | TrackBack (0)
Balises: france, présidentielles, royal, sarkozy
Nicolas Sarkozy est en train de perdre l'élection présidentielle, c'est ma conviction profonde. Son paquebot de campagne, tel le Titanic, vient de heurter un iceberg et de s'abîmer en mer. Le naufrage final n'est plus qu'une question de jours.
Contre toute attente, et avec un certain brio politique, Ségolène Royal et François Bayrou sont en passe de faire la démonstration qu'il est possible de réunir une large majorité au centre dans notre pays, une nouvelle majorité porteuse d'une véritable refondation démocratique de nos institutions, et d'un nouveau projet politique à même de propulser la France au coeur de la modernité et du XXIième siècle, en en faisant profiter tous les Français.
C'est une révolution douce (orange ?) qui s'annonce, un grand soir électoral qui se prépare ! Le 6 mai 2007 fera date dans l'histoire de nos institutions.
La face immergée de l'iceberg sur lequel vient de se planter Sarkozy, cet improbable rapprochement tectonique entre la gauche et le centre, qui englobe beaucoup plus de sensibilités et de tendances politiques que ses lieutenants ne veulent bien le reconnaître (Verts et trotskystes, libéraux et anti-libéraux, libertaires et démocrates-chrétiens, radicaux et réformistes, prêts à dénouer l'écheveau de leurs liens partisans et à renouer le dialogue), augure d'un nouveau souffle, d'un véritable changement dans notre pays, d'une véritable libération de la vie politique française.
Il faut se sentir propulsé par une telle vague pour afficher la gaîté, la sérénité, la confiance et la décontraction qui sont celles de Ségolène Royal aujourd'hui, à la veille du débat du second tour, et qui sont aussi celles de François Bayrou : deux larrons en foire qui viennent de jouer un tour pendable à un candidat de droite arc-bouté sur sa propriété foncière : un score record de 30 % au premier tour, essai dont la transformation en victoire finale s'avère pourtant de plus en plus improbable de jour en jour.
Nicolas Sarkozy sera le premier candidat de la droite française à enregistrer un aussi haut score au premier tour de l'élection présidentielle sans toutefois parvenir à se faire élire au second tour.
Tsunami politique
La France de Sarkozy prend l'eau de toute part. Ses lieutenants politiques font soudain preuve de la même nervosité que lui, ils adoptent les mêmes tics, s'égarent soudain dans le mensonge et s'enferment dans la dénégation, pataugent de plus en plus dans le bilan désastreux des douze années de prébande et de clientélisme politiques qui s'achèvent, cachent de plus en plus mal leur désarroi face à la révélation qui les frappe : ils n'ont jamais été aussi prêts d'atteindre leur objectif, mais ils sont pourtant bel et bien en train de perdre cette élection présidentielle.
La cohorte de VIP qui s'est pressée à Bercy dimanche dernier, au dernier congrès du candidat Sarkozy, ne changera rien à l'affaire. Une belle brochette de has been, de nostalgiques des années fric, de oldies de la représentation française, qui affichent un sarkozysme faussement décompléxé, toute honte bue d'avoir renoncé aux belles idées de gauche qui furent les leurs à une certaine époque, pour la plupart d'entre eux.
L'erreur fondamentale de Sarkozy est d'avoir pris la majorité des Français pour des boeufs qu'on peut faire marcher à la baguette. D'avoir imaginé pouvoir confisquer tous les pouvoirs et pouvoir imposer ensuite d'en haut, sans que plus aucune discussion ou concertation ne soit possible, un programme fait de bric et de broc, mi-libéral, mi-interventioniste, mi -européen, mi-nationaliste, mi-autoritaire mi-paternaliste, fortement marqué par une absence totale de vision à long terme, et par le souci de préserver un certain nombre d'intérêts particuliers supposés incarner l'intérêt général.
Sarkozy ne s'embarasse pas de la complexité du monde. Le mouvement de fond démocratique qui va le balayer le 6 mai prochain, au contraire, embrasse cette complexité. Cette vague de fond qui se lève, ce tsunami politique qui se prépare, promet de redonner des couleurs vives à la France, et à l'Europe toute entière.
La France s'apprête à élire une femme présidente, à rénover profondément sa vie politique, à abattre tous les murs qui empêchent la société française de respirer et de s'épanouir. Cette France du 6 mai 2007 aura beaucoup plus de chances de se faire entendre dans le concert des nations, parce qu'elle sera portée par de nouvelles forces démocratiques et de nouvelles valeurs, par cette nouvelle modernité politique dont le XXIième siècle sera le précurseur.
C'est une France des Lumières qui est en train de renaître. Alors, vive le XXIième siècle ! Vive la France ! Vive la République ! Vive sa future présidente !
Rédigé par Philippe Astor à 19:23 dans Présidentielle | Lien permanent | Commentaires (6) | TrackBack (0)
A quelques jours du premier tour des élections présidentielles, force est de constater que la culture est une des grandes absentes de la campagne. Chaque candidat y est allé de son discours ou de ses déclarations publiques, mais le vrai débat, celui qui porte sur les enjeux de la culture, de sa diversité et de son industrie à l’heure de la mondialisation et de la société de l’information, n’a pas vraiment eu lieu.
Lire la suite de "Culture, cette grande absente de la campagne présidentielle"
Rédigé par Philippe Astor à 09:12 | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Excellente opération de décryptage de la réthorique sarkozienne depuis le début de la campagne.
Les autres épisodes : Partie 2 - Partie 3 - Partie 4
Mon commentaire : D'abord, plus le premier tour approche, plus Sarkozy force le trait, plus il se caricature lui-même, et plus cette caricature se rapproche de la figure présidentielle qu'il promet d'incarner. Je ne crains pas de dire, comme le prêtre interviewé dans la première partie du documentaire, que son discours a des relans de néo-pétainisme. Je le pense même très sincèrement.
Quand j'entends Sarkozy dire : "si vous n'aimez pas la France, quittez-là" ou "si vous ne voulez pas subir ses lois, quittez la France" - c'est ce que font d'ailleurs un certain nombre de contribuables parmi lesquels on compte peu de chômeurs ou de RMistes -, je n'entends qu'une chose : "si vous ne m'aimez pas, quittez la France".
M. Sarkozy n'a pas le monopole de la France, et jusqu'à preuve du contraire, il n'incarne pas la France à lui tout seul, pas plus que vous et moi. Non, je n'aime pas la France dont Sarkozy grossit le trait dans ses discours, et pour autant, je n'ai aucune intention de quitter la France.
J'aime la République, j'aime le travail, j'aime l'esprit d'entreprise, mais j'aime aussi l'esprit de solidarité, d'entraide, de partage et je pense que la France qui incarne cet esprit-là, M. Sarkozy ne l'aime pas. Alors qu'il l'a quitte ? Je n'irai pas jusque là. Dans la France que j'aime, il y a aussi une place pour le citoyen Sarkozy.
Je ne suis pas sûr, en revanche, qu'il y ait une place pour tous les Français dans la France de Sarkozy. Je suis même convaincu du contraire.
Rédigé par Philippe Astor à 16:12 dans L'autre télévision, Présidentielle, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
Fervent partisan, aux côtés d'Arnaud Montebourg, de la VIe République, Bastien François, professeur de Sciences politiques à la Sorbonne, juge pour Marianne2007.info les propositions institutionnelles des candidats.
Mon commentaire : D'accord pour considérer, avec le peu d'éléments dont je dispose dans ma petite tête sur le sujet, que Sarko c'est la Vième en pire. Bayrou aussi ? C'est possible. Il y a une certaine contradiction entre cette volonté d'ouverture, de participation, de démocratie plus directe qu'il véhicule et la volonté de toute puissance qu'on lui prête.
Cette semaine je ne suis convaincu par personne. Plus le premier tour se rapproche, plus la confusion s'installe. C'est qu'aucun candidat, tous noyés qu'ils sont depuis des semaines dans leur réthorique de campagne, n'a su faire émerger une vraie vision et un vrai projet pour la France.
Sur la question de la réforme institutionnelle que nous sommes nombreux à appeler de nos voeux, Ségolène Royal ne me convainc pas plus que Bayrou. Exiger d'un président ou d'un gouvernement qu'il quitte le pouvoir à l'issue d'un référendum qui désavouerait telle ou telle de ses propositions, c'est le meilleur moyen de ne jamais avoir de référendum du tout, sur quelque sujet que ce soit, par crainte du désaveu qui pourrait en résulter. Ce serait également un moyen d'introduire une bonne dose d'instabilité dans le gouvernement de la France.
Donc, pas très convaincants les zozos favoris du premier tour sur cette question. C'est pas à eux que je vais laisser le soin de réécrire la Constitution française ! Et d'ailleurs, comme l'ont rappelé les tenants du non au TCE, dont je n'étais pas mais sur ce point je suis d'accord avec eux : qui dit Constitution dit assemblée constituante.
En clair, c'est aux Français de réécrire la nouvelle Constitution eux-mêmes, ou pour le moins d'être invités à débattre de la manière de la réécrire. Comme si on était déjà dans la VIième République, en quelque sorte...
Rédigé par Philippe Astor à 19:31 dans L'autre télévision, Présidentielle, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
« Au delà du chant guerrier, une composition toute en nuances », estime Jacky Terrasson, l'un des rares pianistes de jazz français à faire carrière aux Etats-Unis.
Rédigé par Philippe Astor à 16:02 dans Présidentielle | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Alors quoi, tu dors ? Pas même conscient qu'on a un gros problème d'identité nationale ? Ah, t'es chômeur ? T'as plus de quoi payer ton loyer tous les mois ? T'as du mal à joindre les deux bouts et à nourrir tes gosses ? C'est pas ça qui te préoccupe en priorité le matin au lever ? Enfin, quand même, t'es bien conscient que tout ça c'est la faute des immigrés !?
Tous ces sans papiers qui viennent squatter nos écoles, nos immeubles, nos quartiers, nos prestations sociales... C'est même eux qui creusent le trou de la sécu, t'as qu'à voir. A cause d'eux, les patrons y peuvent plus t'embaucher ni même te payer correctement quand tu travailles. A cause d'eux les rentiers et les capitalistes y s'en mettent plein les poches et toi t'as qu'à crever la gueule ouverte. A cause d'eux les entreprises françaises délocalisent à tour de bras.
Et même quand y immigrent pas chez nous y nous font chier. T'as qu'à voir tous ces chinois qui fabriquent des chemises à deux balles que Carrefour y vend dans ses supermarchés. C'est pour ça que t'as été licencié ! Non mais sans déconner, faut réagir mon vieux ! La France elle y perd son identité ! Et tous ces polygames qui excisent leurs filles, tuent leurs moutons dans les baignoires de nos HLM et élèvent des batteries de gosses pour toucher nos allocs...
T'as quà voir Mamadou... Attends, je l'aime bien Madamou, j'suis pas raciste, t'as vu ? J'ai plein de copains étrangers dans le quartier. D'ailleurs sa meuf elle me plait bien à Mamadou, pourtant elle est noire, t'as vu ? T'as déjà tiré une noire ? Mais avec ses huit gosses il a même pas besoin de travailler. Ca c'est pas juste ! Il est Français ? J'avais même pas tilté. Tu vois qu'on a un gros problème d'identité !
En plus il va à la mosquée ! Que de la graîne de terroriste ces étrangers ! Ouais, je sais, Mamadou est Français, mais il est quand même un peu étranger, non ? Clovis il avait pas la même couleur de peau, t'es d'accord... Qui c'est Clovis ? C'est lui qu'a inventé la France, avec Jésus et Charlemagne. Napoléon aussi ? Ben y devaient être pôtes, t'as vu ? Ils habitaient la même cité. Mais eux au moins ils étaient bl... enfin, quoi, ils étaient Français. C'est ça l'identité nationale. Libreté, éganité, franertité.
Rédigé par Philippe Astor à 19:27 dans Présidentielle | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
Réservons tout ce qui relève de la stratégie électorale aux candidats à l'élection présidentielle et préoccupons-nous plutôt, en tant qu'électeurs, de stratégie "électrice".
La campagne du premier tour masque d'un véritable écran de fumée l'enjeu de cette élection qui est tout simplement de désigner en trois temps (premier tour, deuxième tour, législatives) et non pas en un seul, ceux que nous souhaitons voir gouverner la France au cours des cinq ans à venir.
Pour ma part, entre perméabilité au discours de Bayrou et souci de laisser à la gauche une chance de rompre avec ses archaïsmes et de se moderniser, possibilité qu'incarne à mon avis Ségolène Royal, je reste pour l'instant dans une totale indécision, au demeurant parfaitement assumée, pour ce qui est du choix du bulletin que je glisserai dans l'urne au premier tour.
Rédigé par Philippe Astor à 19:33 dans Présidentielle | Lien permanent | Commentaires (4) | TrackBack (0)
Retour au bercail de la gauche, après le passage de Ségolène Royal dans l'émission "A vous de juger" sur France 2, d'un libéral-libertaire tenté par le vote Bayrou.
D'un côté, il y a cette tradition libertaire qui m'a permis de me construire politiquement, en tant que citoyen, qui me rapproche de la sensibilité d'un Daniel Cohn Bendit ou d'un José Bové, dont le discours « agricole » me touche d'autant plus que je suis issu d'une lignée de paysans et que je connais un peu l'histoire de la terre.
Lire la suite "Présidentielle : petit retour au bercail de la gauche" »
Rédigé par Philippe Astor à 17:57 dans Actualité, Présidentielle | Lien permanent | Commentaires (5) | TrackBack (0)
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