En remettant en cause le diagnostic des plus éminents
spécialistes de l'évolution du climat dans une chronique publiée fin
septembre dans L'Express, l'ancien ministre de l'Education et de la
Recherche Claude allègre a déclenché une véritable polémique.
Dans une de ses chroniques parue dans l'hebdomadaire L'Express du 21 septembre dernier, le géophysicien et ancien ministre Claude Allègre réagissait à la publication, dans la même quinzaine, de photos spectaculaires de Yann Arthus-Bertrand montrant le Kilimandjaro « déplumé, sans ses neiges » et d'un article écrit par d'éminents glaciologues dans la revue Science qui, selon lui, « montre que, en trente ans, le volume des glaces antarctiques n'a pas varié ».
« Ces auteurs expliquent qu'en certains endroits du continent Antarctique il y a une destruction massive de la banquise, mais qu'ailleurs il y a épaississement de la glace », écrivait Claude Allègre. Quant à la disparition progressive des neiges du Kilimandjaro, elle « est souvent attribuée à des phénomènes locaux, et au premier chef à la désertification de l'Afrique de l'Est », expliquait-il, avant de citer une étude publiée par des chercheurs français dans la revue Nature, qui montrerait que « cette désertification [est] largement due à des mouvements tectoniques responsables de la remontée progressive du continent africain, modifiant la circulation météo. »
Qui de l'homme ou de la nature ?
Suivait alors la phrase de trop, à l'origine de toute une polémique : «
L'effet de serre n'a aucun rôle majeur là-dedans. » Dans
la suite de sa chronique, l'ancien ministre de Lionel Jospin
pourfendait « les Cassandre du réchauffement » et « l'écologie de
l'impuissance protestataire » et affirmait : « Il y a sans doute un
changement climatique, mais ce dernier est caractérisé plus par de
brusques fluctuations, à la fois dans l'espace et dans le temps [...],
que par un réchauffement général. La cause de cette modification
climatique est inconnue. Est-ce l'homme? Est-ce la nature? »
Claude Allègre a beau être un géophysicien bardé de médailles (Prix
Crafoord, médaille Wollaston, médaille d'or du CNRS), il n'est pas pour
autant climatologue et a suscité de vives réactions chez les
spécialistes de l'évolution du climat.
Dans une lettre de protestation adressée à l'Académie des sciences, à l'Institut national des sciences de l'univers (INSU), au ministère de la Recherche et à L'Express, plusieurs d'entre eux dont Jean Jouzel, directeur de l'Institut Pierre-Simon-Laplace (IPSL), Michel Fily, directeur du Laboratoire de glaciologie et de géophysique de l'environnement (LGGE) et Thomas Stocker, directeur du laboratoire de physique du climat et de l'environnement de Berne, se sont indignés du discrédit jeté par une personnalité comme Claude Allègre sur tous les personnels de la recherche qui travaillent sur ces thèmes en France, sur la base d'interprétations erronées des travaux cités.
Dans un courrier adressé à l'Express, Eric Guilyardi, chercheur au laboratoire Locean de l'Institut Pierre-Simon Laplace à Paris, écrit : « Encore une fois, votre chroniqueur Claude Allègre met en doute la réalité du réchauffement climatique. Les méthodes de dénonciation qu'il utilise relèvent plus de Madame Soleil [...] que d'une démarche scientifique, qu'il semble avoir oubliée [...]. Outre l'insulte à des milliers de chercheurs (pour 99% d'entre nous, la question du réchauffement climatique et de son origine anthropique ne fait plus débat, le 1% restant étant financé par ExxonMobil, Esso et autres), cette attitude irrationnelle trompe vos lecteurs. »
Désaccord sur le diagnostic, mais consensus sur le remède
Face à toutes ces réactions, Claude Allègre a persisté et signé dans une nouvelle chronique publié le 5 octobre dernier dans L'Express, dans laquelle il écrit : « L'idée la plus généralement admise postule que ce changement consiste principalement en un réchauffement global et qu'il serait causé par le gaz carbonique (CO2) émis par l'homme suivant le phénomène physique dit de l'effet de serre. Je fais partie des membres de la communauté scientifique, certes aujourd'hui très minoritaires, qui contestent cette interprétation, la trouvant simpliste et occultant les dangers véritables. »
Difficile cependant de comprendre où veut en venir l'ancien ministre lorsqu'il ajoute, se distinguant « des fanatiques de l'effet de serre » dont les « proclamations consistent à dénoncer le rôle de l'homme sur le climat sans rien faire pour combattre ce danger » : « Je me situe clairement dans l'écologie réparatrice. Celle qui propose des solutions concrètes pour préserver notre planète. Dans le cas présent, en aménageant le territoire pour la préservation de l'eau et la prévention contre les cyclones, en défendant l'idée des voitures hybrides ou électriques dans les villes et les recherches sur la séquestration du CO2. »
D'une certaine manière, il se range ainsi aux préconisations de ceux dont il ne partage pas le diagnostic. Et pour ce qui est de ce diagnostic, peut-être vaut-il mieux se fier, malgré la grande imprécision des simulations informatiques sur lesquelles ils se basent, aux calculs du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat, créé en 1988 par l'Organisation météorologique mondiale et le Programme des Nations unies pour l'Environnement.
Ils prévoient que l'accroissement des gaz à effet de serre aura un impact croissant au XXIième siècle, que la température moyenne du globe augmentera de 1,4° C à 5,8° C d'ici à 2100, qu'on assistera à une recrudescence des phénomènes climatiques extrêmes, à une réduction de la surface des glaces, à une élévation du niveau de la mer par effet de dilatation des eaux et à une perturbation redoutable des courants océaniques, avec pour conséquence le développement d'une nouvelle vague d'immigration « climatique ».
S'agissant de savoir s'il fallait croire ou non à l'existence de Dieu, le philosophe et mathématicen Pascal, qui figure parmi les grands prédécesseurs d'Allègre, préférait y croire parce ce qu'il estimait avoir tout à y gagner et rien à y perdre, qu'il existe ou non. C'est un peu la même chose avec le changement climatique, quoique d'un ordre moins métaphysique : il vaut mieux y croire et s'apprêter à y faire face. Quant à savoir si c'est vraiment le réchauffement qui en est la cause principale, on risque très vite de ne plus distinguer les causes des effets dans cette affaire. Et Dieu ne nous sera d'aucun secours.
(article écrit pour News.fr, le 17/10/2006)
Bonjour,
l'enjeu environnemental sera en effet au coeur de la campagne. Je vous invite à lire notre article sur le sujet :
http://www.programme-presidentiel.com/2006/10/15/le-changement-climatique-une-verite-qui-derange/
à bientôt
Frédéric
Rédigé par : frédéric | 27 octobre 2006 à 22:25
Quel tir croisé ! Ce pauvre Claude Allegre - même si je n'apprécie pas particulièrement l'homme - a en fait le courage de dire publiquement ce que d'autres spécialistes du climat n'osent plus dire tellement cette tarte à la crème du réchauffement climatique provoqué par l'homme est devenue la pensée unique du moment. Les voix contradictoires autorisées - et il en existe quoi qu'on en dise - ne sont plus reprises par les médias, donnant ainsi l'impression d'une unanimité du monde scientifique sur la question. Il suffit pourtant, pour qui veut s'en donner la peine, de chercher sur le net des sites liés aux mots clés "climate skeptics" ou "climate dissenters" pour constater que la contradiction existe, et surtout qu'elle est ARGUMENTEE. Cette affaire est devenue, au niveau international, une affaire politique, qui réunit une connivence d'intérêts divers. Certes Claude Allegre n'a rien écrit au niveau scientifique sur le climat, mais qu'en est-il de tous ceux qui le critiquent ?! Il a au moins l'avantage d'avoir une excellente formation scientifique, ce qui n’est pas le cas de la plupart de ceux qui le critiquent.... Faut-il rappeler que Alfred Wegener n'était pas géophysicien mais météorologue, et qu'il s'est fait huer lors de sa première conférence scientifique sur le sujet ? Sa théorie a été rejetée avec force pendant encore des décennies, avant d’être définitivement et unanimement admise près de 60 ans plus tard, sous le nom de "tectonique des plaques"... Un exemple à méditer. Dire que Claude Allegre n'a rien écrit sur le climat n'est pas un argument recevable. C'est peut-être précisément cela qui lui permet d'avoir un regard extérieur, plus objectif, sur les faits.
Le problème - tous les spécialistes en désinformation le savent bien – est qu’un mensonge (ou une demi vérité) répété mille fois finit par devenir une vérité... Par ailleurs (autre technique classique en matière de désinformation) il faut prendre comme noyau une part de vérité, puis broder autour. C’est bien ce qui se passe ici, puisque le climat se réchauffe bien, mais pour 97 % suite à un phénomène naturel: remontée des températures moyennes depuis 1850, depuis la fin de cet accident climatique que fut le "petit âge glaciaire". L'homme n'a guère que 3 % de responsabilité, et c'est sur cela que toute cette gigantesque campagne planétaire repose.
Quand je vois à quel point la mayonnaise a pris je me demande toutefois si cela vaut encore la peine d'oser de temps en temps braver la vindicte de ceux qui défendent ce dogme du réchauffement climatique anthropique. La virulence des propos et des attaques est par ailleurs symptomatique, et on ne la retrouve dans aucun autre débat scientifique. Ce qui ne devrait n'être qu'un débat scientifique serein est en train de virer au dogmatisme quasi-religieux. C’est inquiétant.
Pierre Kohler
Ancien responsable du service d'informations scientifiques de RTL
Rédigé par : Pierre kohler | 22 décembre 2006 à 10:50
le bouquin de Michael Crichton "state of Fear" donne un point de vue intéressant sur ces polémiques, avec beaucoup de références pour permettre d'accéder aux sources d'information. et donne aussi deux beaux exemples (Eugénisme et interdiction du DDT) de l'implication des médias et du politiques dans les thèses scientifiques.
Rédigé par : jb | 27 janvier 2007 à 15:10
Je m'etonne que peu de citoyens se laissent berner par les propos ecolomanipulateurs de certains. La Terre se rechauffe, certes. premiere manipulation: personne ne conteste le fait global, partir en guerre contre les "reactionnaires" et les "revisionnistes" decoule purement et simplement d'une nevrose et d'un besoin de reconnaissance sociale.
La question est en fait de savoir si la Terre se rechauffe PARTOUT, partout de la meme facon, et surtout QUELLES SONT LES CAUSES de ce rechauffement.
Et la, il y a un fosse dans les interpretations, car si rechauffement il y a bien, n'est-il pas essentiellement d'origine sur-humaine ? Ne constate-t-on pas que Mars meme se rechauffe or jusqu'a preuve du contraire, il n'y a ni voiture, ni usine, ni climatiseurs sur Mars. Qu'importe ! Pour beaucoup, l'essentiel n'est pas la recherche de la verite, mais le pretexte pour se defouler sur quelques personnalites montrees du doigt avec une rare virulence, veritable halali. Haro sur le baudet, il faut crever les retifs.
Un element de reflexion: Eric Guilyardi, chercheur au laboratoire Locean de l'Institut Pierre-Simon Laplace a Paris a dit plus haut: [...]Outre l'insulte à des milliers de chercheurs (pour 99% d'entre nous, la question du réchauffement climatique et de son origine anthropique ne fait plus débat, le 1% restant étant financé par ExxonMobil, Esso et autres)
Quand un savant utilise des chiffres a l'emporte-piece comme le fait ce monsieur, on peut douter ou de sa competence, ou de son honnetete. 99% des chercheurs pensent comme lui. La belle affaire ! D'ailleurs, est-ce prouve ? Quant au tout petit, tout microscopique 1% restant, il serait a la solde des firmes petrolieres. Meme Cabrol ! Meme votre serviteur ! Si c'est vrai, pourquoi tant d'acharnement a vouloir nous faire taire ? Bref, nous sommes ici dans un proces inquisitorial, ou la masse a decide de liquider les rares (d'ailleurs qui dit qu'ils sont si rares que cela apres tout) qui osent emettre d'autres avis. C'est non seulement anti-democratique, mais c'est meme ce que l'on a maintes fois condamne dans les livres d'Histoire... avant de recommencer, encore et encore les memes proces en sorcellerie. N'en sortira-t-on donc jamais ?
Rédigé par : Gantelet | 02 août 2008 à 19:07
M.Allègre appartient, malheureusement, à cette mince couche de pseudo intellectuels disposant de gros pouvoirs politiques et financiers,de vrais pouvoirs d'"influence",à base de réseaux et de lobbies.Une seule chose les effraie:les Lumières,les Lumières de la raison,de la vérité et de l'intelligence.Ces imposteurs,du calibre de M.Allègre,souvent bien en cours,s’inscrivent dans une tradition violemment hostile à l’esprit humain en liberté.Ils ont tourné le dos à la science parce que trop peu rémunératice et n’offrant pas assez d’honneurs en tous genres pour se compromettre avec les pouvoirs politiques ainsi que les pouvoirs de l’argent.Ces intellectuels de pacotille,appartenant à cette tradition,refusant toute éthique, ont,par le passé,conduit Etienne Dolet et Giordano Bruno sur le bûcher puis se sont réclamés,quelques siècles plus tard,de la génétique eugéniste,résolument criminelle,avant de se perdre dans les absurdités du lyssenkisme triomphant,nouveau canon de la science « officielle ».M.Allègre est devenu le cauchemar de tous ceux et toutes celles qui croient dans le progrès humain et dans la force des idées appuyées sur des démonstrations étayées par des arguments recevables et des expériences valables.En suivant M.Allègre il n'est plus question d’enrayer le déclin de l'Humanité mais de hâter sa décadence.
Rédigé par : doriginehumaine | 12 mai 2010 à 20:42